Il était une fois une nouvelle héroïne, Petite Mu. Non il était deux fois une nouvelle héroïne, Alice et Anaelle. Euh pas d’accord, il était une fois deux nouvelles héroïnes, Alice et Anaelle. Et Petite Mu alors ? Il était trois fois une nouvelle héroïne. Surement pas ! Pour bien commencer le conte, reprenons le compte : Je reprends! Il était une fois trois nouvelles héroïnes, Alice, Anaelle et Petite Mu.
Alice est née en 1996, non pas au pays des Merveilles mais à Lyon. Alors qu’Alice pousse son premier cri, Anaelle pointe le bout de son nez la même année à la Montagne. Non pas la montagne des Alpes, du coté de Grenoble. La Montagne est un village sans collines près de Nantes, tout proche de l’océan Atlantique.
Dans la famille d’Anaelle, on parle fort et on dépense beaucoup d’énergie. Mais c’est surtout beaucoup de bruit pour rien. « Beaucoup de bruit pour rien », c’est aussi le tire d’une pièce du grand William Shakespeare, le poète anglais. Assez rigolo quand on y réfléchi un peu. Comment William a t-il pu passer à la postérité avec un titre qui d’entrée annonce la couleur? Venez voir ma pièce « Beaucoup de bruit pour rien », pas grand chose à raconter, et en plus elle va vous casser les oreilles! William aurait-il un peu menti sur son titre? Technique d’auteur baratineur? A la bonne heure. Mais revenons, à califourchon, à nos moutons : bref poursuivons!
Encore plus grande que Mortelle Adèle à 8 ans, un événement vient bouleverser la vie d’Anaelle.
Sa grand-mère vivait des moments difficiles. Tout à l’intérieur d’elle-même résonnait creux. Ainsi tourmentée jusqu’aux tétés, elle prit une décision très malheureuse. Une décision irrémédiable, une décision pour laquelle même le diable ne peut rien. La grand-mère d’Anaelle se porta grâce d’un coup sec, et ça fit mal.
Du jour au lendemain, Anaelle ne vit plus sa grand-mère. Ses parents décidèrent de cacher à Anaelle la vérité de la disparition de sa grand-mère. Rendre invisible les maux qui la tourmentaient. Les parents le savent pourtant bien que « mentir » n’est jamais une bonne solution! Ils n’arrêtent pas de le répéter, se prétextant responsables d’ « éducation ». Tôt ou tard la vérité surgit au grand jour et s’en suit des pleurs et beaucoup de tristesse. Ce qui est encore plus douloureux.
A l’école, Anaelle s’ennuie alors elle passe son temps à dessiner sur les couvertures de ses cahiers. Ça lui occupe les mains et l’esprit.
Ses professeurs ne lui en tiennent pas rigueur : Anaelle a d’excellentes notes.
La même année, de l’autre coté du Rhône, Alice passe une enfance paisible avec ses parents et son petit frère. Si paisible qu’elle préfère ne pas être trop visible, surtout à l’école. Cachée derrière son pupitre, elle ne répond pas au professeur quand elle est interrogée et garde les yeux rivés sur la grande pendule de la classe qui rythme les journées.
Enfin, la sonnerie qui retentit. Alice rentre sage, faire ses devoirs à la maison. Cette même année, de l’autre coté de l’autre coté du Rhône, Anaelle s’amuse à tester plein d’activités et met le nez au cirque, ses jambes à la gymnastique et ses doigts sur sa guitare. Mais beaucoup de bruit pour de tous petits riquiquis, car rien ne supplante son ennui ! Anaelle va même jusqu’à changer les meubles de sa chambre pour tenter de briser la monotonie des jours. Oui Anaelle a la bougeotte.
Anaelle lit des BDs. On peut même avouer qu’elle passe ses journées plongée dans ces univers colorés, laissant son imagination s’envoler de case en case. Et chaque soir après les devoirs, dans son lit, Anaelle s’endort avec sa bande dessinée, et rêve d’être un jour l’autrice et la dessinatrice d’une histoire à cases.
Alice elle préfère quand les histoires sont plus animées. Son plaisir, c’est le week-end, quand elle se blottit contre sa maman dans le grand fauteuil moelleux du salon pour visionner le dernier long-métrage du moment. Et elle s’endort en se rêvant réalisatrice de films comme Jane Campion, montant les marches, son doudou se métamorphosant alors en Palme d’Or.
Nous sommes au milieu des années 2000 et ses stars sur papier glacé avant le tok qui tique et le visage du livre. Alice et Anaelle n’écoutent pas la même musique : l’une fredonne les paroles de Moi Lolita et C’est le week-end, l’autre celles de Clandestino de Manu Chao et le port d’Amsterdam de la grande Brel. Tu as deviné qui écoutent quoi ? Non ?
Encore plus ado qu’à dos sans sac à dos, tout ne se fait pas sans règles. En réalité si. Au lycée, Anaelle s’impatiente de voir son corps changer, ses seins se former et ses règles s’écouler et se languit devant ses copines, qui depuis réglées comme l’horloge de la salle de la classe.
A la maison, si ses parents parlent toujours beaucoup, c’est encore pour pas grand chose. Si seulement se rangeait sur les rayons de la bibliothèque de la maison le petit guide de l’intimité, Anaelle n’aurait pas à interrompre ses parents pour leur demander de lui expliquer. Mais à table, le poulet du dimanche est servi et plutôt bien roti, les « blanc ou pilon ?» et autre « Passe moi le sel » sont autant d’esquive pour ses parents désarmés et convaincus que pour des sujets comme celui là, Anaelle l’apprendra naturellement quand ça arrivera.
Pour Alice, c’est tout l’inverse : quand elle découvre qu’elle a un peu de sang dans sa culotte, elle comprend très vite que les règles sont arrivées. Sa maman lui avait tout expliqué. Pas besoin d’invisibiliser le rendez-vous de toutes les jeunes filles à l’entrée de la vie de femme.
Stop maitre Capello du dico, tu peux nous en dire plus sur les règles avant de passer à la suite de l’histoire ? Le cycle menstruel (c’est le nom donné aux règles) se manifeste par un écoulement de sang de la zezette.
C’est un processus naturel que connaissent toutes les filles et les femmes, entre 8 et 16 ans, au moment de la puberté. A chaque cycle, le corps se prépare à la possibilité d’avoir un bébé. La première étape est l’ovulation, où un œuf est libéré dans le ventre. Si l’œuf rencontre un spermatozoide, cela pourrait créer un bébé. Mais si cela ne se produit pas, l’œuf et des petites parties du corps appelées “règles” sortent du corps. C’est ce qu’on appelle les menstruations ou les règles. Les règles ne sont pas quelque chose de sale, c’est naturel et cela fait partie de la vie d’une femme. Raison de plus pour en parler avec tes parents très vite.